pendanttrente-huitansà Chicago, gravissantleséchelonsd’uneentre- prise de distribution de fruits et légumes. Ce n’est qu’à l’âge de la retraitequ’ilcommençaà sculpter chezlui,s’attirantlesfoudresdesa femmeOsceolaquandilrépandait des copeaux et de la sciure à tra- vers toutes les pièces. Rétif à toute forme d’enseignement – il quitta trèsvitelescourspourséniorsqu’il avaitcommencéà suivre–,ilsefait remarquer dans les années 1970, quand ses statuettes aux grands yeuxsontachetéespour3000dol- lars.CommeSamDoyle,ilconnaît uncertainsuccèsen1982avecl’ex- position«BlackFolkArtinAmerica, 1930-1980»à laCorcoranGalleryof Art.Unegranderétrospectivedela ChicagoPublicLibrarysaluerason travail en 1990, peu avant sa mort. Sam Doyle Sam Doyle (1906-1985) appar- tientà lacommunautéGullah,ces Africains-Américains des plaines côtières de Géorgie et de Caroline du Sud qui ont conservé intactes nombre de leurs traditions afri- caines. Élève de la Penn School – créée en 1862 pour former les esclaves nouvellement libérés –, montranttôtdesaptitudespourle dessin,ilneputsaisirl’opportunité deparfairesatechniqueà NewYork: sa famille était trop pauvre. Ainsi travailla-t-il longtemps à Beaufort tandis que sa femme et ses trois enfantsvivaientpar-delà lepont,sur l’îledeSainte-Hélène.Cen’estque bien après son divorce et le départ de ses enfants qu’il se consacra entièrementà lapeinture,dansles années1960.Utilisantdespanneaux deboisoudemétalqu’iltrouvaitsur l’île,ilpeignaitsurtoutlesmembres de sa communauté qu’il exposait ensuite chez lui. Mais il s’intéres- sait aussi à des figures historiques comme Abraham Lincoln, Martin Luther King, Ray Charles ou Elvis Presley… Il connut une gloire tar- divelorsdel’exposition«BlackFolk Art in America, 1930-1980 » à la CorcoranGalleryofArten1982…où ilserralamaindelapremièredame d’alors, Nancy Reagan. La légende raconte que le jeune Jean-Michel Basquiat aurait échangé plusieurs de ses œuvres contre quelques- unesdeDoyle…Unechoseestsûre: l’artiste contemporain Ed Ruscha lui a dédié une œuvre: Where Are You Going, Man? (For Sam Doyle) à sa mort en 1985. Sister Gertrude Morgan L’ histoire n’est pas commune : née en 1900 à Lafayette, Gertrude Williams s’est très tôt intéressée au dessin, même si elle ne dis- posait d’aucun matériel pour s’y adonner et devait se contenter de pratiquer son art à même le sol, à l’aide de bouts de bois. Mariée à Will Morgan, installée en Géorgie, elle reçoit la révélation en 1937. Désormais,ellevaseconsacrerà la parole de Dieu, qu’elle diffuse par le prêche, le chant et la peinture. En 1939, elle crée un orphelinat à la Nouvelle-Orléans et une église dans sa maison, The Everlasting GospelMission.Prosélyte,elleréa- lise ses peintures sur tout ce qui passe à portée de sa main: carton, polystyrène, abat-jour, morceau de bois, étui de guitare… Pasteur chantantsebaladantavecuntam- bourindanslesruestoutedeblanc vêtue,sœurGertrudeMorganreçoit un nouvel appel de Dieu en 1957: illuidemandededevenirl’épouse de Jésus… C’est pourquoi dans les nombreusesœuvrescoloréesqu’elle a laissées on la voit souvent repré- sentéeenmariéeaucôtéduChrist! William Scott Né en 1964 à San Francisco, cet autodidacte se surnomme lui- mêmeThePeaceMaker.Sculpteur, dessinateur,peintrehabitéd’unfort optimisme,ilaentreprisderecréer danstous sesdétailslavilledeson enfance, rebaptisée Praise Frisco, comme une « cité de l’espoir ». Il est aussi l’auteur de portraits et d’autoportraits particulièrement expressifs, habités du même opti- misme enthousiaste. Il fait partie du Creative Growth Art Center, un centre non lucratif destiné aux adultessouffrantdehandicapphy- sique, mental ou émotionnel. No 2711-2712 • DU 23 DÉCEMBRE 2012 AU 5 JANVIER 2013 JEUNE AFRIQUE Culture médias 166 Dec 2012